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Grippe aviaire – Succès de la vaccination contre la grippe aviaire en France et inquiétude suite à l’infection d’élevages de vaches laitières aux Etats-Unis

Grippe aviaire – Succès de la vaccination contre la grippe aviaire en France et inquiétude suite à l’infection d’élevages de vaches laitières aux Etats-Unis

Virus Influenza Aviaire Hautement Pathogène H5N1 (Crédit Photo : CDC et NIAID) Image réalisée au microscope électronique à transmission de particules du virus de la grippe aviaire A H5N1 (jaune), cultivées dans des cellules (MDCK) (bleu). Microscopie par CDC ; repositionné et recoloré par NIAID.​

La pandémie d’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP), communément appelée « Grippe Aviaire » dans les médias, est toujours d’actualité. Mais cette fois-ci, il y a aussi une bonne nouvelle, la vaccination contre la grippe aviaire a bien fonctionné en France. Résultat le niveau de risque est désormais considéré comme « négligeable » sur l’ensemble du territoire français à partir du 3 mai. La mauvaise nouvelle est que ce virus de la grippe aviaire infecte aussi désormais les vaches laitières et que le virus se retrouve dans le lait.

Histoire des crises actuelles de la grippe aviaire

Le virus influenza H5N1 responsable de la pandémie actuelle de grippe aviaire apparait en 1996. Il y a ensuite une première phase de propagation de ce virus en Asie principalement à partir de 2003 dans les populations d’oiseaux aquatiques et les élevages de volailles. Les premières vaccinations contre la grippe aviaire sont mises en place au Vietnam, en Indonésie et en Égypte et on confirme alors que la vaccination contre la grippe aviaire protège correctement les volailles vaccinées. 

Entre 2008 et 2013, il y a un bond génétique (réassortiment) avec ce virus IAHP H5N1 qui se mélange avec d’autres virus influenza et on voit apparaitre d’autres virus faiblement pathogène pour les oiseaux.
Depuis 2014, on assiste à la pandémie actuelle mondiale de la grippe aviaire. De ce mélange de virus, un virus H5 champion a émergé qui s’appelle « H5 clade 2.3.4.4 ». Ce virus mutant est très pathogène pour les oiseaux domestiques et sauvages et il s’est adapté pour infecter et rendre malade plusieurs espèces de mammifères.

Ainsi, on a vu apparaître plusieurs vagues d’infection sur tous les continents (Europe, Asie, Amériques, Afrique) dans les élevages de volailles, l’avifaune migratrice (oiseaux sauvages migrateurs) et les populations de mammifères sauvages (ours, renard, phoque, otarie, etc..), certains mammifère domestiques (vison, chat) et maintenant donc les vaches laitières aux États-Unis. Voir la conférence grippe aviaire en vidéo pour plus de détails sur l’histoire des crises actuelles de la grippe aviaire et l’origine de la vaccination contre la grippe aviaire.

Virus Influenza Aviaire Hautement Pathogène H5N1 (Crédit Photo : CDC et NIAID).
Virus Influenza Aviaire Hautement Pathogène H5N1 (Crédit Photo : CDC et NIAID) Image réalisée au microscope électronique à transmission de particules du virus de la grippe aviaire A H5N1 (jaune), cultivées dans des cellules (MDCK) (bleu). Microscopie par CDC ; repositionné et recoloré par NIAID.​
Image réalisée au microscope électronique à transmission de particules du virus de la grippe aviaire A H5N1 (jaune), cultivées dans des cellules (MDCK) (bleu). Microscopie par CDC ; repositionné et recoloré par NIAID.​

La vaccination contre la grippe aviaire a bien marché en France

En France, la situation sanitaire s’améliore grandement et donc le niveau de risque grippe aviaire est désormais considéré comme « négligeable » sur l’ensemble du territoire à partir du vendredi 3 mai. Le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a publié un communiqué de presse à ce sujet le 30 avril 2024.

Grâce à l’amélioration de la situation sanitaire, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a décidé de réduire le niveau de risque IAHP sur le territoire national à « négligeable » à partir du 3 mai 2024. La campagne de vaccination contre la grippe aviaire sans précédent des canards en France a contribué à réduire l’exposition au risque IAHP. Ainsi, la situation sanitaire en France est particulièrement favorable en ce qui concerne l’IAHP :

  • Aucun nouveau foyer en élevage n’a été détecté depuis le 16 janvier ;
  • Seuls 10 foyers ont été confirmés chez les oiseaux d’élevage pour la saison 2023-2024, contre 402 pour la saison précédente à la même période. Ce faible nombre de foyers s’explique en grande partie par le succès de la stratégie vaccinale mise en place ;
  • Depuis le 7 janvier 2024, aucun nouveau cas d’IAHP n’a été détecté dans la faune sauvage migratrice.

La détection du virus IAHP est également moins fréquente en Europe par rapport aux années précédentes, probablement en raison d’une moindre contamination de l’environnement par les virus provenant des oiseaux sauvages migrateurs.

La campagne de vaccination des canards mise en place en France depuis octobre dernier contribue à réduire le risque d’exposition aux virus IAHP en limitant la circulation virale. Au 1er mai 2024, plus de 31 millions de canards ont reçu une première dose vaccinale. Cette réduction de la circulation virale permet de diminuer les risques de transmission à d’autres espèces en réduisant les contacts avec le virus. De plus, la vaccination entraîne une surveillance renforcée des établissements détenant des oiseaux vaccinés, ce qui améliore la détection précoce de l’IAHP sur le territoire.

Cependant, le ministère reste vigilant face à l’évolution de la situation aux États-Unis, où l’IAHP a été détectée dans une trentaine d’élevages de vaches laitières, bien que les souches circulant actuellement aux États-Unis ne soient pas identiques à celles identifiées en Europe.

Élevage de poules pondeuses Bio en France (Crédit photo : Alexis KIERS).
Le virus de la grippa aviaire hautement pathogène H5N1 est fortement contagieux chez les volailles. Il contaminent tout un troupeau de poule en seulement quelques jours. Crédit photo : Alexis KIERS
Le virus de la grippa aviaire hautement pathogène H5N1 est fortement contagieux chez les volailles. Il contaminent tout un troupeau de poule en seulement quelques jours.

Grippe aviaire chez les mammifères

Les virus IAHP H5N1 de la grippe aviaire peut aussi infecter les espèces d’animaux autre que les oiseaux, comme les mammifères. Ce n’est pas vraiment une surprise car on sait qu’il y a des virus influenza de type A dans pratiquement toutes les espèces d’oiseaux et de mammifères. Ainsi, depuis quelques années, de nombreux pays ont reportés des cas de mammifères domestiques et sauvages infectés par le virus H5N1 de la grippe aviaire comme le chien, chat, vison, raton-laveur, renard, ours polaire, otarie, phoque, etc…

Écologie et évolution adaptive de la transmission inter-espèces de l’influenza de type A. (Crédit photo : Udayan et al. 2016.)
Joseph, U., Su, Y. C. F., Vijaykrishna, D. and Smith, G. J. D. (2017), The ecology and adaptive evolution of influenza A interspecies transmission. Influenza and Other Respiratory Viruses 11, 74–84. doi: 10.1111/irv.12412

Grippe aviaire dans le lait de vache aux États-Unis

Depuis mars 2024, plusieurs rapport du Ministère de l’Agriculture Américain (USDA), de l’Agence de l’Alimentation et des Médicaments (FDA) et du Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC) confirment la présence de virus H5N1 dans des élevages de vaches laitières dans 9 états américains (Colorado, l’Idaho, le Kansas, le Michigan, le Nouveau-Mexique, la Caroline du Nord, l’Ohio, le Dakota du Sud et le Texas). Suite à ces révélations, les autorités sanitaires des États Unis ont testé des bouteilles de lait vendus en grande surface aux États-Unis. Le lait testé contient bien des particules virales de virus H5N1.

Il est essentiel de comprendre que la présence de fragments viraux du H5N1 n’indique pas la présence de particules virales intactes susceptibles de provoquer une maladie. L’approvisionnement commercial en lait assure la sécurité grâce à deux mesures essentielles :

  • Premièrement, le lait provenant d’animaux malades est rapidement détourné ou éliminé, garantissant ainsi qu’il n’entre pas dans la chaîne alimentaire;
  • Deuxièmement, tout le lait vendu en grande surface est traité thermiquement pour réduire la charge pathogène à des niveaux sûrs, principalement par pasteurisation ou par sterilisation à ultra haute température. Il a été démontré que ces traitements par la chaleur inactive efficacement le H5N1 dans les œufs et dans le lait.

Les fragments viraux ont été détectés à l’aide d’un test PCR, connu pour sa sensibilité exceptionnelle dans la détection même de traces de matériel génétique viral. Ces fragments prouvent simplement que le virus était présent dans le lait. Ils ne prouvent pas que le virus est biologiquement actif.

Pour évaluer si la présence des fragments viraux correspond à un virus capable de se répliquer et de provoquer une maladie, une approche de test différente est nécessaire.  Des tests tels que les études de viabilité des œufs embryonnés permettent aux scientifiques d’évaluer la capacité du virus à se répliquer en injectant un échantillon dans un œuf de poule embryonné. Ce type de tests est en cours.

Le fait que des vaches laitières puissent être contaminé par le virus influenza H5N1 hautement pathogène soulève de nombreuses questions pour lesquelles les réponses ne sont pas encore claires. Parmi celles-ci, les questions clés sont :

  • Comment les bovins laitiers sont-ils infectés ? 
  • Y a-t-il une transmission virale du bétail infecté vers un bétail non infecté, ou un contact strictement direct avec des surfaces contaminées ou des oiseaux infectés ?
  • Les bovins sont-ils un intermédiaire pertinent dans la chaîne de transmission des virus grippaux de type A, tels que le H5N1, de la volaille aux bovins, pour finalement infecter les humains ?

À la suite de cette nouvelle sans précédent, les scientifiques déploient beaucoup efforts pour étudier la transmission de la grippe aviaire de la volaille aux bovins. Les réponses et les données générées serviront à contrôler la propagation du virus H5N1, à sauvegarder l’industrie de l’élevage et à protéger la santé humaine.

Quels sont les risques pour la santé humaine de boire du lait de vache contaminé par un virus de la grippe aviaire?

Il n’y a pas de risque à boire du lait stérilisé ou pasteurisé. Évidemment, boire du lait cru non pasteurisé présente un risque. Les méthodes de pasteurisation et de stérilisation tuent les bactéries et les virus tels que l’IAHP, mais qu’ils survivent dans le lait cru. N’importe qui peut tomber malade en buvant du lait cru, mais les enfants de moins de 5 ans, les adultes de plus de 65 ans et ceux dont le système immunitaire est affaibli courent plus de risques de tomber malades.

Le lait pasteurisé et stérilisé est extrêmement sûr et a subi un processus de chauffage qui tue les germes pathogènes comme Campylobacter, E. coli et Salmonella. Les personnes qui consomment du lait cru (ou non pasteurisé), des fromages et d’autres produits laitiers comme la crème glacée à base de lait cru courent un risque de contracter diverses maladies.

Existe-t-il des vaccins contre le virus H5N1 pour les humains et le bétail ?

Selon un rapport du CDC, la souche virale H5N1 qui a infecté un humain au Texas est étroitement liée à deux vaccins candidats qui existent déjà. Il est également rassurant de savoir que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tient à jour une liste de vaccins candidats qui pourraient être produits en masse contre les virus de la grippe H5N1. En fait, certains pays conservent un petit stock de doses de vaccin contre le virus H5N1, au cas où il serait nécessaire de vacciner les populations à risque.

En attendant qu’une telle épidémie se produise et qu’il devienne nécessaire de mettre en place une vaccination contre la grippe aviaire de certaines populations humaines,  les gens peuvent prendre quelques mesures de prévention qui relèvent du bon sens :

  • Garder leurs distances et éviter tout contact direct avec des oiseaux sauvages qui semblent malades ou morts,
  • Éviter de toucher les surfaces susceptibles de contenir des déjections d’oiseaux.

Afin de protéger les populations humaines contre la grippe aviaire et devant l’apparition annuelle d’épidémies dévastatrices, de nombreux pays vont probablement faire comme le gouvernement français : Vacciner les volailles contre la grippe aviaire.

Conclusion

La « grippe aviaire » n’a pas fini de faire parler d’elle. Heureusement, la France a montré que la vaccination contre la grippe aviaire chez les volailles fonctionne bien pour contrôler l’épidémie. Devant l’ampleur de la catastrophe, de nombreux pays devraient suivre l’exemple français de vaccination. Quoiqu’il ne soit pas vraiment surprenant que ce virus H5N1 puisse contaminer les vaches, cela rajoute un risque supplémentaire de contamination pour les populations humaines via le lait de vache. Boire du lait pasteurisé ou stérilisé ne présente pas de risque de contamination car les méthodes de stérilisation et de pasteurisation du lait tuent les particules virales.

Vos vétérinaires Dr Bassecour sauront vous aiguiller sur la marche à suivre (type de produit, durée de traitement, fréquence…) en fonction de votre situation. Demandez-leur conseil !

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